Madagascar est un pays tragiquement divisé, divisé par les vieilles revendications ethniques absurdes, par le refoulement du principe de transcendance des particularismes linguistiques et culturels, par la tentation grandissante du régionalisme, de l’autonomisme, du fédéralisme voire même de l’indépendantisme.
Ce phénomène de dislocation de la société malgache est renforcé par trois facteurs majeurs : d’abord par la mise en œuvre, par certains hommes politiques, de la stratégie nauséabonde du « diviser pour mieux régner », ensuite par la crise économique sans précédent qui frappe de plein fouet le pays et enfin par l’existence d’un système institutionnel et financier inique qui favorise un sentiment de rejet, voire parfois, des réactions violentes au sein de notre société.
La pratique politique de la division est aux antipodes de mes convictions et de l’idée que je me fais de l’avenir de notre nation. Pour moi, il ne fait nul doute que l’unité et la solidarité sont les deux piliers nécessaires de tout système politique efficace. Il n’y aura pas de salut sans unité et de progrès sans solidarité.
L’unité du peuple malgache ne se fera qu’au prix d’un long processus de réflexion, de négociations et de réformes. Il faudra notamment réfléchir sur la question fondamentale de l’identité nationale (qu’est-ce qu’être malgache aujourd’hui ?), sur la place du citoyen dans l’espace public et celle des femmes dans la société globale, sur le partage du pouvoir entre l’État central et les collectivités territoriales, sur la manière de créer des synergies entre l’économie locale et l’économie nationale, sur une utilisation optimale des ressources natures et humaines, sur la contribution de l’école à la cohésion sociale…
La solidarité, quant à elle, conjuguée avec la tolérance et la fraternité, est le ferment indispensable à une réussite collective. Elle permet non seulement de cimenter le peuple mais aussi de renforcer la justice fiscale et sociale. La solidarité suppose nécessairement la mise en place d’un système de santé performant et gratuit pour tous, un système de retraite par répartition, un système éducatif accessible, gratuit et efficace.
Que nous le voulions ou non, la réussite collective de notre pays passera indéniablement par la conjonction de ces deux éléments.
C’est pour toutes ces raisons que je souhaiterais redonner un sentiment d’unité et de solidarité au peuple malgache afin de permettre un développement harmonieux et une croissance économique dynamique. Reste une volonté politique forte marquée du sceau de la confiance et de la crédibilité.
Que Dieu bénisse le peuple malgache et protège notre Nation.
Gianni Rakotonanahary