L’idée n’est évidemment pas de chercher la soumission du peuple à un souverain sanguinaire, ou encore de légitimer des mesures liberticides, mais de chercher l’obéissance de la société aux règles communes librement consenties.
Le rétablissement de l’ordre au sein de la société civile et politique est un préalable indispensable au processus de changement. Rien de grand ne pourra se faire sans un minimum d’autorité, de sûreté, d’ordre et de discipline. Ils font la force de la démocratie.
Sans une purge anticorruption orchestrée par un leader intègre, autoritaire et juste, sans un chef bienveillant capable lutter contre les injustices sociales, sans une véritable indépendance du pouvoir politique à l’égard de l’ensemble des acteurs de la société civile et sans une force armée professionnelle au service du peuple malgache, Madagascar demeurera qu’une charmante île perdue au beau milieu de l’océan indien.
Pour lui offrir la place qu’elle mérite sur la scène internationale, il faut avoir une vision prospective et stratégique. Celle-ci nécessite de mobiliser des concepts et des outils inspirés des Lumières, de sélectionner les théories économiques les plus pertinentes pour ensuite les adapter aux spécificités de notre pays.
Ce travail de fond est absolument nécessaire pour permettre de faire émerger des idées novatrices destinées à être intégrées dans un programme d’action efficace, de faire naître des stratégies collectives singulières et de permettre la mise en place de nouvelles pratiques politiques.
Jean-Philippe BOZEK a raison de dire que « quand l’action précède la réflexion, le danger n’est jamais loin. »
C’est pourquoi, il faut à tout prix mettre un terme à l’improvisation politique permanente qui fragilise et déstabilise le pays, et laisser place à la réflexion.
Les miracles nécessitent d’avoir foi non seulement en Dieu mais aussi et surtout en nous les intellectuels. La révolution que mènera le peuple malgache pour son émancipation, son affranchissement, devra nécessairement s’appuyer sur des idées et des méthodes rationnelles sous peine de compromettre ses chances de réussite.
Que Dieu bénisse le peuple malgache et protège notre Nation.
Gianni Rakotonanahary

Le mythe de la souveraineté nationale
Martyrisé par des années d’errance liée à l’instabilité politique dans notre pays, subjugué par des hommes et des femmes qui maîtrisent divinement bien l’art oratoire, aveuglé par cette illusion de démocratie que sont internet et les réseaux sociaux, le peuple doit son existence dans le mythe de la souveraineté nationale.
D’un point de vue juridique, la souveraineté se définit comme la détention d’une autorité suprême, c’est-à-dire d’une puissance qui serait sans limite et inconditionnelle.
Dans une démocratie, la souveraineté appartient à la nation, concept dont le sens moderne est très proche de celui de peuple. Abraham Lincoln n’avait-il d’ailleurs pas à l’époque définit la démocratie comme : “le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ! ”
Bien que séduisante, cette définition se dilue inéluctablement dans une réalité moins reluisante. Partout dans le monde, l’essentiel du pouvoir politique échappe aux citoyens. Et ceux qui l’exercent réellement, le font dans une logique partisane et opportuniste qui place le citoyen lambda hors du champ politique et des enjeux essentiels.
Dès lors, une question rhétorique taraude mon esprit : N’est-il pas illusoire de penser que le peuple puisse un jour exercer le pouvoir politique dans un esprit de responsabilité et de souveraineté partagé ? Devons-nous renoncer, et ce de manière définitive, à l’idée d’une démocratie réelle ?
Bien qu’intimement convaincu du rôle majeur que devra jouer, à terme, l’intelligentsia malgache dans les transformations politiques, économiques, sociales et culturelles du pays, et bien que déterminé à faire en sorte que soit mise en place un véritable système méritocratique, je suis de ceux qui pensent que le peuple doit être au centre du jeu politique.
Pour autant, la participation citoyenne aux négociations, aux débats publics et à la prise de décisions collectives suppose de remplir certaines conditions strictes que je m’évertuerai d’ailleurs à vous présenter dans une prochaine publication. Pour l’heure, je me contenterais d’évoquer ici la nécessité :
– de mettre l’instruction civique au cœur du système éducatif ;
– de favoriser, à l’école et dès le plus jeune âge, une éducation politique non partisane ;
– de faire vivre le débat citoyen et l’intelligence collective ;
– de mettre en place des instances participatives de quartier ainsi que d’une assemblée citoyenne tirée au sort.
Quoiqu’il en soit, il est urgent de songer à créer un véritable laboratoire politique dont la vocation première serait de faire naître les préceptes d’une démocratie réelle à Madagascar.
Que Dieu bénisse le peuple malgache et protège notre Nation !
Gianni Rakotonanahary