Pour autant, la prolifération des partis politiques peut, non seulement, entraîner leur fragilité, mais aussi, devenir un véritable danger pour l’avenir de la démocratie et la stabilité politique d’un pays.
En 2018, on estime à 195 le nombre de partis politiques à Madagascar. Naturellement, tous ne sont pas actifs et beaucoup ne remplissent pas leur rôle. Selon Olivier Mahafaly Solonandrasana, Ministre de l’intérieur de l’époque, la majorité des partis politiques viole l’article 2 de la loi 2011-012 relative aux partis politiques. En effet, « elle ne propose aucun projet de société, ne participent pas à l’éducation civique, ni aux élections », contrairement à ce qu’exigent les textes législatifs.
Si les formations politiques jouent un rôle essentiel dans une démocratie, il n’en demeure pas moins vrai que cette multiplication insensée de petits partis, couplée à une concurrence politique malveillante, est de nature à renforcer l’instabilité gouvernementale, et par là-même occasion du système politique Malagasy en général. J’en veux pour preuve les événements qui secouent actuellement notre pays.
Outre l’instabilité politique qu’elle engendre, cette augmentation continue des partis politiques affaiblit la cohésion sociale. À Madagascar, comme dans bon nombre de pays qui possèdent des minorités ou des groupes ethniques, les revendications identitaires s’affirment de plus en plus aujourd’hui sur le plan régional ou culturel. Ces revendications sont bien souvent portées par des partis politiques dont la stratégie vise à semer la discorde entre ces minorités et le reste de la population. Déjà très largement malmenés par des décennies de crises politiques et économiques, les liens sociaux sont devenus si fragiles qu’ils risquent à terme de nourrir quelques velléités d’indépendance, voire de sécession.
Il est à mon avis nécessaire d’avoir conscience du risque pour trouver une parade. L’une des solutions évidentes serait d’engager le pays vers une nouvelle architecture institutionnelle nous conduisant sur le chemin d’une bipolarisation de la vie politique. Il résulte de ceci la nécessité de lancer un train de réformes en profondeur de la vie politique malagasy et envisager, par la même occasion, la construction d’une vraie société démocratique et la promotion de l’État de droit.
Pour l’heure, j’invite le peuple Malagasy à s’éloigner durablement des partis politiques qui, par leurs discours et leurs actions, compromettent l’unité de notre Nation. La vigilance est de mise pour éviter tout risque d’implosion et continuer à rêver et à construire un destin commun.
Que Dieu bénisse le peuple malgache et protège notre Nation !
Gianni Rakotonanahary