La maitrise de la langue malgache en tant que langue nationale revêt un caractère crucial aux yeux de certains de nos compatriotes. Elle semble même constituer une source de préoccupation constante, au point, parfois, d’oublier que le français est aussi la langue officielle de Madagascar.

Cette amnésie peut sans doute s’expliquer par plusieurs raisons :

– la langue de Molière est d’abord perçue par les partisans du l’unilinguisme comme une langue coloniale qu’il faut écarter quoi qu’il advienne ;
– elle est ensuite considérée comme un instrument de ségrégation sociale en milieu scolaire et professionnel ;
– elle est, enfin, assimilée à la langue d’une élite dominante qui s’illustre dans tous les concours de la fonction publique du pays.

À l’évidence, il est très difficile de contester cette triste réalité car il est vrai que la langue française est l’apanage d’une partie de la bourgeoisie malgache qui, pour le moins, s’arroge des droits et des privilèges sans contrepartie.

Mais pour autant, il convient de ne pas occulter les nombreux avantages que procure le multilinguisme. La maîtrise de plusieurs langues favorise, en effet, une ouverture d’esprit, qualité essentielle à cultiver dans un contexte de mondialisation accrue et d’une concurrence internationale exacerbée.

Elle constitue également un vrai levier pour une meilleure intégration scolaire de nos enfants. Comment, en effet, leur permettre de poursuivre leurs études dans les meilleures universités étrangères si leur seul bagage linguistique se résumait à la langue malgache ?
Pour finir, il est vivement recommandé de maîtriser plusieurs langues étrangères dans le commerce international, l’hôtellerie ou encore le tourisme. Sans quoi, les voyageurs, déçus par le manque d’interactions sociales, se détourneront de l’île.

Bien que non exhaustives, ces différentes raisons suffisent à démontrer que les tenants du l’unilinguisme manque de clairvoyance et surtout de maturité intellectuelle. La petitesse d’esprit et le nationalisme étriqué sont des poisons mortels pour un pays. Madagascar doit au contraire s’ouvrir au monde pour s’enrichir de nouvelles expériences, de nouvelles idées et de nouvelles manières de penser. Il s’agit là du chemin le plus court et le moins périlleux pour favoriser le développement de notre pays.

Que Dieu bénisse le peuple malgache et protège notre Nation !

Gianni Rakotonanahary