Fruits de l’ignorance et de la paresse intellectuelle sans doute, ces stéréotypes et préjugés ne sont pas l’apanage des seules sociétés traditionnelles. Ils font aussi des ravages dans les sociétés dites “modernes”. En France, par exemple, les femmes demeurent peu nombreuses parmi les créateurs d’entreprise.
Elles sont aussi sous-représentées à tous les niveaux du pouvoir décisionnel, dans la recherche et l’innovation, dans les domaines scientifiques, dans les assemblées locales, dans les manuels scolaires, dans les métiers du numérique, dans les médias et dans de nombreux autres domaines.
Elles font également l’objet d’une discrimination salariale. En effet, selon l’Insee,” en 2019, le revenu salarial des femmes reste inférieur en moyenne de 22% à celui des hommes.”
Enfin, les violences à l’égard des femmes en France dépassent l’entendement. Selon l’observatoire national des violences faites aux femmes, en 2020, 82% des morts au sein du couple sont de sexe féminin.
Autant dire que même dans les sociétés évoluées, les femmes doivent encore vaincre les discriminations et les violences physiques et morales.
Malgré cette dure réalité, certaines femmes ont réussi à prendre le pouvoir dans de nombreux domaines. Ainsi en est-il, par exemples, de Christine Lagarde, première femme nommée Directrice du Fonds Monétaire International (FMI), d’Angela Merkel, désignée à 14 reprises comme la femme la plus puissante au monde, d’Ursula Von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, de Julie Sweet, Présidente directrice générale d’Accenture, de Kamala Harris, Vice-présidente des États-Unis, de Mary Bara, Directrice générale de General Motors, de Samia Suluhu Hassan, Présidente tanzanienne, considérée comme la “dame de fer” de la politique africaine, de Rasha Kelej, Sénatrice égyptienne et créatrice du mouvement “Plus qu’une mère”.
Je pense également à toutes ces femmes qui ont été récompensées par un prix Nobel : Marie Curie (1920), Irène Joliot-Curie (1927), Gerty Cori (1947), Maria Goeppert Mayer (1963), Rosalyn Yalow (1977), Barbara McClintock (1983), Rita Levi-Montalcini (1986), Gertrude Elion (1988), Christiane Nüsslen-Volhard (1995), Linda Buck (2004), Françoise Barré-Sinoussi (2008), Elizabeth Blackburn et Carol Greider (2009), Ada Yonath (2009), May-Britt Moser (2014), Youyou Tu (2015)…
Contrairement aux idées reçues, les femmes ont beaucoup de pouvoir et d’influence dans le monde, et ce, malgré le fait que la parité entre les sexes est encore loin d’être atteinte dans la vie politique.
Dans la société malgache, les femmes demeurent les parents pauvres de notre système politique, économique, social et culturel. Considérées comme inférieures, elles sont étouffées par cette société patriarcale et ses injonctions. Elles font l’objet de discrimination fondée sur le sexe et continuent à subir le harcèlement moral et les violences physiques ou sexuelles.
C’est pourquoi, il faut en finir avec cette société patriarcale qui opprime les femmes de façon systémique. Il faut frapper de peines très sévères tous ceux qui brutalisent, malmènent, maltraitent, harcèlent et violentent nos mères, nos filles, nos femmes et nos sœurs. Il faut avoir l’audace de confier aux femmes les postes décisionnels clés. La société malgache ne pourra se libérer du piège de la pauvreté, de la misère intellectuelle, de la décrépitude morale et de la déliquescence politique sans le concours des femmes parce que le salut viendra d’elles.
Que Dieu bénisse le peuple malgache et protège notre Nation.
Gianni Rakotonanahary